Chers amis lecteurs, me revoilà ! Peut être pensiez-vous me voir rayé de la carte en ces temps de guerres modernes et de catastrophes mondiales, peut-être pensiez-vous qu’« ils » avaient eu enfin ma peau, peut-être même, pour certains d’entre vous, l’espériez-vous secrètement !
Il n’en est rien. Je suis vivant bel et bien ! En tout cas mon humeur me le rappelle plus qu’il m’est permis de le supporter. Je m’explique. J’avais déjà un doute, encore que assez vague, concernant le tri des ordures ménagères et sur le fait qu’il en va de notre responsabilité de citoyen de prendre en charge le problème de l’environnement. Si on ne fait rien, c'est-à-dire si on ne trie pas comme il se doit le plastique, le papier, l’aluminium, le bois et la merde, alors le réchauffement climatique, la pollution et le trou dans la couche d’ozone auront de manière tout à fait inéluctable raison des papillons, des arbres, des fleurs et des crustacés et d’une manière plus générale de l’ensemble du règne de l’écosystème global de notre si belle planète si fragile et tellement belle… Vu que je suis un type sympa je veux bien accepter qu’on me prenne pour un con, une fois de plus, et qu’on me rendre responsable, encore, de notre propre fin. Passons !
Mais voilà qu’à nouveau on me montre du doigt pour me désigner comme coupable d’un nouveau malheur de première importance. D’ailleurs je ne sais même pas où placer ce dernier sur mon échelle des catastrophes contemporaines tant la place sur celle-ci me manque. Oui la guerre, oui le tsunami, la terre qui tremble, le nucléaire, l’écologie, Sarkozy… Lequel de ces problèmes dois-je mettre en haut de l’échelle ? Auquel de ces problèmes faut-il accorder le plus d’importance ? Tant qu’on a pas bu la tasse la notion de priorité reste toujours qu’une idée assez vague et il sera bien temps de s’en préoccuper une fois la tête sous l’eau. Glouglou !
Aujourd’hui je regarde la télé, j’écoute la radio et je lis les nouvelles et j’apprends quelque chose de proprement incroyable ! On me dit que la démocratie est en danger, que la montée du front national menace nos droits fondamentaux, et qu’il est de notre, de mon devoir de citoyen de faire front face à ce cancer politique qu’est l’extrême droite, que la mobilisation est un devoir citoyen et que si je ne me lève pas dimanche pour aller voter ce sera à cause de moi que le nouveau conseil général aura pris une couleur nauséabonde. Putain de merde mais je flippe grâve !!!
Mais qui peut bien avaler toutes ces salades ? Mais qui peut bien prendre ce discours au sérieux ? Les vrais responsables, moi, je les connais ils siègent à l’assemblée nationale. On veut nous faire croire que l’abstention est la principale cause de la montée en puissance du front national. Attention les gens ! si vous ne votez pas vous mettez en danger la démocratie ! Mais alors posons-nous la question de savoir pourquoi 56% d’abrutis ne se bougent pas les fesses pour aller mettre ce fichu bulletin dans cette sacro-sainte urne ce dimanche matin dernier ! Et qu’est-ce qui peut bien motiver Lucien, 49 ans, sans emploi, sans perspectives d’avenir, à jouer un quart de son R.S.A. sur Pharly de Kerzer dans la quatrième plutôt que de se rendre dans l’isoloir de sa mairie de quartier. Si les gens ne se déplacent pas c’est bien qu’ils en ont rien à foutre et je comprends bien cela puisque que moi-même je suis à deux doigt d’en être à ce point désespéré. Le quotidien de la vie politique nous montre bien à quel point tous nos élus sont décevants. Le spectacle donné chaque jour n’est qu’une preuve supplémentaire du mépris de la classe politique à l’encontre des citoyens. Les gesticulations de droites comme de gauche n’ont pour autre but que le désintérêt croissant des gens comme moi pour la vie politique de notre pays, de notre région, de notre département. Tous ces gens sous mandat qui ne voient en l’action politique qu’en vecteur essentiel à leur propre réussite s’indignent tout à coup de la violence des résultats d’une élection dont tout le monde se fiche, et montent au créneau en brandissant l’étendard du devoir citoyen nous rendant pour le coup responsable, par notre non action, de la victoire probable d’un candidat non respectable. Allez vous faire foutre et prenez vos responsabilités, vous ne réussirez pas à me faire culpabiliser pour quoique ce soit même de la victoire du front national. Mon bulletin de vote n’est pas un pansement et les plaies que vous avez ouvertes ne sont que le reflet de votre incapacité à vous rappeler le vrai sens de la vie politique. Mon abstention est un vote et non une négligence. Il signe mon refus de participer à ce débat et ma non-action précise que vous ne me récupèrerez pas. Je peux vous assurer que si le front national est au rendez-vous dimanche prochain je VOUS tiendrai pour responsable, et alors je VOUS demanderai de rendre des comptes. L’abstention aujourd’hui à un vrai sens politique à mes yeux celui de dire à quel point je suis déçus, amer, triste, sincèrement exaspéré de me résoudre à rester au lit dimanche prochain. Citoyennes, citoyens, la démocratie est malade, la démocratie se meure… Alors restons au lit, mangeons des croissants, faisons-nous des bisous, soyons courageux et agissons pour un vrai sens politique, citoyen, démocratique, faisons-nous entendre dans un silence tonitruant en nous abstenant tous unis comme un seul homme. Vive la France, vive le café au lait, vive les abstentionnistes !
