"Le festival Nomade in Metz doit tout à la ville de Metz"
Ces mots ont été prononcés par Dominique Gros lors d'un entretien avec un journaliste et diffusés sur la toile ce matin. J'ai vraiment beaucoup de mal à entendre cela en gardant mon calme tant cette phrase résonne en moi comme une insulte envers l'ensemble de ceux qui ont tant donné pour que ce festival puisse naître. Je suis concerné pour plusieurs raisons, l'une d'entre elle, est que je suis proche de la présidente et initiatrice de ce festival. Je peux en parler d'autant plus facilement que j'ai vu de mes propres yeux l'idée même de ce projet germer dans les yeux de celle qui aujourd'hui défend ce festival corps et âme pour que la seconde édition puisse avoir lieu. J'ai vu combien il a été difficile de mener à bien cette entreprise incroyable. Un festival comme celui-ci est une opération considérable menée par un ensemble de gens qui, sans compter, ont donné leur temps et tant d'énergie. Ils ont tous travaillé d'arrache pied pour penser, pour élaborer, pour construire, pour porter cette aventure d'envergure jusqu'au cœur de la ville et en faire une fête populaire sans précédent.
Tant de bénévoles ont participé pour que cela soit possible, tant d'artistes ont fait le geste pour que cela soit possible qu'il m'est insupportable d'entendre le maire de Metz tenir de tels propos. Quelle arrogance, quelle suffisance dans sa bouche, quel manque de respect pour tout ceux qui ont tant donné.
Ce festival, la ville n'en voulait même pas. Certains le faisait même remarquer en ces termes : "Mais dites-moi, madame Ivanova, qui voulez-vous que cela intéresse votre festival ?". Bien sûr, des caravanes sur la place de la république, quelle étrange d'idée !
Il aura fallut défendre avec force des arguments déterminants et redoubler de pugnacité pour convaincre les élus que l'idée qu'un festival citoyen axé sur le partage et la connaissance de l'autre méritait bien qu'on s'y intéresse. Et puis, un mal pour un bien, l'affaire des roms ! Soudain tout s'éclaire, les portes s'ouvrent et ce festival inintéressant devient l'idée la plus géniale du monde. En un coup de baguette magique la municipalité se félicite de soutenir Nomade in Metz dans son combat de première importance contre la discrimination des gens du voyage. Alors c'est la valse des petites phrases et des discours engagés, on se bouscule pour être sur la photo, on s'indigne de l'action du gouvernement vis-à-vis de ces pauvres gens, on sourit devant les caméras et on se gargarise de belles formules, et on applaudit Daniela Ivanova qui accomplit un travail fantastique, et on remercie bien entendu l'ensemble des bénévoles sans qui tout ceci ne serait possible. Mais on se garde bien de remercier l'actualité pour ce merveilleux coup du sort qui permet à tous ces opportunistes de se placer en opposants farouches d'une politique de droite dégueulasse. Tous ces gens qui en avaient rien à foutre de ce fichu festival se retrouvent à se bousculer devant les micros pour vanter les mérites citoyen d'une telle initiative.
Tout cela me désespère. Dominique Gros me désespère, la politique me désespère. J'aimerais simplement aussi rappeler qu'une subvention ne fait pas tout, et que Nomade in Metz ne doit pas tout à la mairie de Metz. Et on ne peut pas, en une phrase, mépriser le cœur de tous ceux qui ont apporté leur contribution à ce merveilleux projet. Je fais partie de ceux-là et je remercie son ambassadrice Daniela Ivanova de m'avoir embarqué à bord de ce merveilleux navire. Je déplore, en revanche, le désintérêt soudain de ceux-là même qui encensaient naguère le travail au combien honorable de l'équipe Nomade in Metz. Ceux-là même qui aujourd'hui se réclament des honneurs de la réussite d'une pure création culturelle initiée, ne l'oublions pas, par des gens de bonne volonté, et non pas par les services culturels de la mairie de Metz. Nomade in Metz doit tout et avant tout à Christophe, Soizic, Delphine, Adeline, Pierre, Jonathan, Caro, Doudou, Thierry, Véronique, Jean-Pierre, Coraline, Joseph, José, Jean-François, Pierre, Maria, Virginie, Nouka, Veneta, Sébastien, Sacha, Robert, Francesco, Alexis, Gérard, Daniela et tous les autres dont je ne cite pas le prénom mais qui se reconnaitront dans cette pléiade non exhaustive des acteurs de cette aventure extraordinaire qui grâce à leur talent et à leur volonté ont permis de convaincre la mairie de financer non pas, comme semble vouloir le dire Dominique Gros, le festival mais tout au plus une partie de celui-ci. Peut-être le maire a-t-il la mémoire courte. Car bien d'autres ont participé au financement du festival, notamment la région lorraine mais aussi les partenaires qui ont tous, absolument tous, revus à la baisse leurs tarifs pour permettre à Nomade in Metz de voir le jour.
Alors, monsieur le maire, votre arrogance ici, n'a que peu d'importance finalement au regard de ce que l'on pourrait nommer la synergie de l'efficience issue du simple désir de chacun à apporter sa pierre à l'édifice. Moi ma dernière pierre est d'écrire ce texte. Je suis, c'est vrai, en colère. En colère après vous qui foulez au pied les principes même du respect élémentaire de vos administrés. Je ne vous souhaite rien monsieur, ou peut être une toute petite chose… D'être vous aussi, un jour, Nomade in Metz. Pour de vrai.
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